dimanche 14 décembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Pourquoi j'écris et je suis là, c'est une grande question. Je ne savais rien de tout ce qui est poésie, art et littérature, ce genre de choses qui sont si capable de soulever une vie. Quand en proie à ses démons intérieurs, par une force qui s'agrippe à nous pour nous dévaster, non pas rapidement, mais avec une lenteur sadique, avec un extrême plaisir de découper chaque centimètre de notre chair, de nettoyer de haine la moindre goutte de notre sang échoué à terre. Alors la tristesse de devoir vivre avec devient une habitude malheureuse, une gêne sans pareille qui peut faire perdre patience au plus grand des hommes. Quand le cœur s'entrechoque entre les parois de notre corps, quand il ne répond plus présent si on le sollicite, qu'advient-il de moi ?

Je veux être à l'écoute de ce qui m'entoure, préféré prendre le large, ne plus vivre en pensant à demain, et peut-être me dire qu'un jour, ce qui compte n'aura plus la même valeur, qu'on ne réfléchira plus à la manière dont on dit les choses, mais uniquement à ce que l'on dit, que l'attention accordée à notre propre personne sera la même qui sera donné à la vie. Je rêve d'un jour où toute personne sera capable d'être touché par un poème, par une tirade, mieux simplement une phrase et que sans honte il s'apercevra à la fin que son visage humide et salé, il aura pleuré. Sur la mer tranquille d'une vie d'ignorance, je préfère guetter la tempête qui me donnera l'assurance de vivre une vie méritante, une vie qui en aura valu la peine. L'intérêt que porte les gens à l'art est si secondaire que je me demande pourquoi je persiste, pourquoi je m'enlise dans cette aventure poétique, pourquoi je continue à explorer les terres imaginaires de l'écriture. 

Je veux me dire que les mots qui viennent courant devant mes yeux pour se pavaner devant les vôtres, à vos oreilles pourront atteindre à leur but. Parce que jamais auparavant je n'avais pensé parler dans le vide mais aujourd'hui je me rend compte que beaucoup entendent mais que peu écoutent. Je me sens si seul, dans ce monde qui est le mien, celui que je prend le temps de me bâtir. Je rame dans une direction que je sais être bonne, sans toutefois la connaître, sans jamais en avoir vu la couleur. Peut-être que je vise une île désertée par la vie, où un nouveau combat sera présent pour moi. Je doute d'une chose tranquille, une chose pareille ne pourrait jamais porter d'intérêt à ce que je fais. Je n'y arrive plus, mais un élément me tracasse, fait que je persiste, j'écris, mes mots mes pensées, j'oublie les jeux trop facile, je préfère voir à la racine les idées, me dire que rien n'est trop petit pour moi, et qu'une grandeur belle se trouve dans tout. 

J'ai rêvé au sujet de la musique, des ondes qui se propageaient dans toute la ville, qui détruisant mes marques, mes repères, m'en indiquaient de nouvelles, une vague déferlante qui se dresserait pour moi devant mes embuches. Pitié, par pitié, le théâtre n'est pas un endroit d'histoires. Les histoires sont les prétextes à de plus grandes paroles, parce que les idées font mal quand elles sont exposées dans leur plus simple nudité. Les histoires les habillent et les rendent plus présentables, tout en diminuant leur impact. Ce qui était sensé les aider les rend plus faibles. Alors les idées meurent sous les coups des histoires mal racontées. 

Alors je sens que je meure, de ne plus savoir quoi faire, qui attendre. Je m'extrêmise, devient un fou solitaire, égaré sur l'échiquier de la mer, perdu entre deux tours de bonheur, nourrissant de noirs désirs de vendetta contre l'humanité, sachant qu'il est heureux que le sort des humains ne dépendent pas de moi. Que ma vie ne soit pas celle que je me fabrique, qu'une personne sage et forte viennent prendre les choses en main. 

samedi 13 décembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Je me rend compte, en observant bien, et longuement, que les gens sont moches. En règle général, l'humanité ne peut se vanter d'aucune beauté, rien qui ne puisse nous faire dire que oui, nous sommes beaux. Les soucis de la vie, l'absence d'intérêt pour les autres ou la poésie, toutes ces choses font que le corps ne peut se donner les moyens de se rendre plus présentable. La santé du cœur se répercute sur la santé de la beauté. Alors quand perdu sur la mer, à observer les touristes maritimes tous plus repoussants les uns que les autres on tombe, abasourdi de voir ce spectacle, sur une belle créature, l'étonnement est le plus grand. On se demande alors si on rêve encore, bercé par la monotone ronde des gens sans caractère, par cette ronde qui voudrait peut-être nous faire croire que dans cet océan désertique peut surgir un mirage.

Je parlerais plus de miracle. Le terme serait plus juste considérant la grandeur de la chose. Je ne sais plus quoi penser et le mystère de la beauté reste entier tant et tant, que plus j'y pense, moins je ne trouve de solution, pire encore, j'y vois encore moins mon point de départ. C'est ce qu'on doit appeler l'inspiration poétique, nous ne savons pas d'où vient cet élan qui par petites pointes tire la peau de notre cœur, doucement, pour nous rappeler qu'il est bien là, puis, se met à le soulever avec d'autant plus de violence que la chose est belle. Tire la langueur des violons, le son est mien, et une sirène d'un temps passé ne pourrait pas faire aussi bien que cette émotion envahissante qui prend le contrôle de ce que je suis, qui tel à l'assaut d'une forteresse assiégée depuis trop longtemps arrive à faire tomber les murailles de ma dureté pour faire apparaître l'engrenage de ma vie, qui souffre d'être toujours seul et incompris. 

Les murailles d'eau d'une vague partant à l'abordage de la rive me sont familières, je les vois chaque jour, après chaque jour, elles reviennent, tentant de me souffler quelques mots sans trop savoir si je serais capable de les entendre. Mais chaque jour, je suis là, à l'affut, je connais son retard quand il est là, je sais précisément l'heure à laquelle elles doivent arriver, je sais qu'elles me surprendront toujours, que je serais toujours ému de ce spectacle, que cette pièce de théâtre qui sera joué pour moi prendra mon cœur et le jettera aussi loin que possible dans cette mer de mots, qu'il s'imbibera de ce savoir pour me revenir fort et vigoureux, prêt à en découdre avec la poésie et les gens.

Les gens sont moches, c'est une vérité, parce que l'humanité ne s'aime plus, n'aime plus. Elle ne pense qu'à elle, et si nous sommes beaux au regard des autres, ce n'est pas à cause d'un physique agréable, c'est du fait d'un regard doux, et d'un sourire sincère. Les gens qui aiment sont des gens qui sont beaux, des gens qui s'aiment sont des gens qui s'aident à devenir beaux. La poésie nous aime, alors aimons la poésie.  

jeudi 11 décembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Je ne suis pas un code. Mon écriture n'est pas un code, une chose préétablie qui ne répond qu'à une série de consigne. Je fais mon code, pour mieux l'oublier, pour mieux en sortir, ne plus baliser ma route de ses directives assommantes. Je veux libérer mon écriture, la jeter à la mer comme une bouteille solitaire, aller de l'avant, sur une coque de noix, sur une coque de moi. Jusqu'à quand la poésie oubliera-t-elle de se mettre en avant, d'oublier les codes que les gens lui donnent, l'idée même que c'est une chose pour des gens bien comme il lui faut, pour des gens qui se disent savoir ce dont il est question. Je ne réserve rien à personne sinon le droit d'aimer toute la poésie, de lui donner du répondant en la lisant et en l'appréciant. Je suis toujours seul sur la mer, une vague étendue lisse d'où rien aujourd'hui ne sort pour perturber ce silence au demeurant un peu trop créateur de peur. 

Je suis le vieux capitaine de ma barque, qui part et s'oublie de mon inconscient. J'aimerais avoir le droit qu'on est le fou heureux, celui de fixer un mur blanc et de m'émerveiller de sa clarté, de pouvoir, caché derrière ma barbe épaisse et non plus légère comme les aiment les femmes, rester planté là sans bouger, debout, pendant des heures avec pour seul occupation de regarder le blanc si pur d'un mur, de scruter ce mur dans ses moindres détails, de le connaître par coeur, de savoir lui parler, et de rire, à grand éclat. Avoir cette lucidité qu'on les fous de pouvoir rire de tout, de laisser parler leur coeur sans savoir ce que c'est la peur, la peur du regard des autres, toujours interrogateur, mais pourquoi ris-tu, la vie t'amuse. Oui la vie m'amuse, me fait sortir de la réalité, car tous, autant que vous êtes, perdus dans cet océan de vide, une nébuleuse de non-savoir, vous avec vos idées déjà toutes faites, avant même d'y avoir pensé, vous parlez pour détruire. Je préfère écrire pour construire. 

Je ne suis pas un code qui répond à vos attentes. Je sais très bien ce que je fais, je calcule tout pour ne rien faire comme on en attend de moi, pour ne rien comme j'en attend de moi. Je me laisse aller, au bon grès des vagues, à moitié dans l'eau, à moitié sur la plage. Le regard pendu dans le vide, au bord de la falaise, au bord d'un gouffre qui gît là, sans trop savoir sa place. S'il te plaît, laisse moi vivre en sautant par dessus bord, aller moi-même à l'aventure, me perdre dans les nuages, dans mes pensées, dans le ciel encre bleu, qui poussé par le jour naissant ne sait plus quoi faire pour accaparer notre regard, notre attention, et se part ainsi de ses plus beaux costumes de la nuit. Un jour de transition qui ne veut plus paraître moribond, écoutant l'imperceptible chant des étoiles, qui dans un lointain cosmos nous rappelle à notre bonne volonté que oui, un jour nous avons vécu, nous avons même rêvé, mais de quoi ?

Sans doute, j'aimerais être ce capitaine, tout relativement que possible, en être une partie, la bonne si possible, qui me donnerait la capacité de vivre pleinement. Regarder le néant sombrer dans un déluge de mots, dans un flot, dans un torrent de vie, faire que les mot me soient malléables,pour mieux les maîtriser, les faire miens et vous les donner trop généreusement, alors que vous n'en prendrez pour vous pas la moitié. Dans un excès de volonté maniaque d'être aimer des autres, choses paradoxales alors que fondamentalement je n'aime pas l'humanité, je continue à écrire, à pencher mes mots sur le papier, pour qu'une fois le livre en main, vous puissiez toucher du doigt le travail qui sort du ventre de l'auteur, pour qu'une fois le comédien criant sa tirade vous puissiez comprendre l'extrême importance de mon vocabulaire. Oui, je m'extrêmise, autant que je le veux, autant que je le peux, je n'aime pas faire autrement. 

Peut-être que je suis un code, mais un code qui se change seul, de manière aléatoire, pour que personne ne puisse prévoir qu'elle sera sa nouvelle peau, et qu'ainsi mon code reste secret à tout jamais. La clé je la connais, je la change elle aussi dès que je le peux. De cette façon, mon mystère me reste entier, rien qu'à moi, il me reste dans mon esprit, dans l'amour qui vit en moi, et rien n'est alors une chose honteuse. Je n'ai pas honte de vivre seul sur mon récif, dans ma propre histoire, voguant sur cette mare de larmes assez grande pour être nommée mer. La tristesse qui l'accompagne s'appelle Nostalgie, et Nostalgie rime avec Envie, l'Envie qui me hante de faire autre chose, de me prendre à bras le corps, pour devenir encore plus vivant que je ne pourrais jamais l'être, et alors, prendre conscience que la beauté du monde n'a d'égal que sa fragilité et sa forte propension à mourir. 

Je ne suis pas un code, alors arrêtez d'essayer de percer mon mystère. 

mercredi 3 décembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Ceci n'est pas une logorrhée.

Quoique les apparences puissent laisser penser, par des mots ou une impression, durable, au sein du cœur et de l'âme. Les gens ne comprennent pas la réalité, ne se doutent pas de ce qui peut nous arriver. Quand le langage se pose en juge impartial se place ici et là regarde le monde qui l'entoure et tente de lui donner un sens, les mots naissent. Faiblir dans ce système c'est souffler sur la petite bougie que nous sommes. Je doute dans la vie, je ne doute pas au théâtre, dans ma poésie, avec mes mots. Je suis alors dans le réel, le seul qui a une valeur intéressante à mes yeux. Je me dis donc que le tintement de cloche n'est jamais le même, ou alors, il n'est pas celui qu'on espère. 

Quoique les apparences puissent nous montrer, la mer solide liquide paradoxe vivant s'attache et se lie à nous aspirer aussi simplement qu'un souffle, dans un sens continu de mots et de paroles mystérieuses, plus ou moins sonores, plus ou moins cohérentes. Je ne sais pas si j'écris pour le théâtre, ou sur le théâtre, ce qui m'est sûr, c'est que j'exprime ma passion pour lui, la passion qu'il me fait vivre. Tout comme un enfant voit la mer pour la première fois, c'est vertigineux, il pense pouvoir tomber dans son sein, son regard fuyant cherche la fin dans l'infini, il ne sait plus ce qui lui arrive, ses barrières tombent, son regard n'en finit plus de s'étendre, et alors, alors, à ce moment, l'excitation la plus intense arrive sur lui, l'enveloppe d'amour et il sait qu'il va y devenir dépendant. 

Quoique vous puissiez me montrer, sur une planche de théâtre tout sera beaucoup plus réel. La mélodie qui a commencé le jour de ma rencontre avec la mer, le jour où j'en suis sorti pour la voir, le jour où elle a enfanté mon regard sur le monde, le jour où je suis arrivé dans le théâtre de ma vie, ce jour-là a été le jour le plus beau mais le plus cruel. Car en effet, je me suis rendu compte de ce qui m'arrivait, j'ouvrais les yeux sur tout et plein d'innocence gardée jusqu'à présent, plein de naïveté qui ne veut pas partir de moi, j'observe les gens, persuadé qu'ils sont bons au fond d'eux, persuadé que sachant cela, ils vont révélé cette bonté avec moi.  

Quoique je pense, je me suis toujours trompé sur la vie des autres. J'ai toujours pensée qu'ils étaient meilleurs que ce qu'ils veulent nous faire croire. En réalité, ce qu'ils sont en apparence est bien souvent la réalité en l'occurrence. Alors, il se dilue dans leurs mensonges de vie comme le ciel bleu encre perd son intensité quand la lumière du soleil commence à le baigner de sa chaleur, quand la profondeur de sa couleur se disperse dans l'océan de la nuit, qui court toujours échappant toujours à la folle grimpe du soleil. Je ne comprend pas tout cela, mon fonctionnement interne, l'intérieur des gens, je voudrais tout saisir, et c'est à cet instant que le metteur en scène nous vient en aide. 

Quoique je ne comprenne pas toujours ce qu'il me dit, le pourquoi de ce qu'il me dit, je l'écoute, mieux encore, je lui demande des conseils. Un comédien qui chante sa vie ne peut le faire sans quelqu'un pour la critiquer. Le vieux loup connaît la mer et guide le jeune apprenti sur les voies toujours en mouvement de la mer, le metteur en scène connaît le texte du jeu et sait comment l'adapter à ses comédiens. Les mots nous retiennent tous, nous les subissons car nous leur donnons trop de pouvoir, trop d'importance. Alors moi, dans ce théâtre, joignant à deux mains la réalité qui me compose, je ne cesse de parler, je vis pour parler, je vivrais pour parler et faire parler les gens. Peu importe le discours, je veux les toucher, peu importe s'il n'y a de dialogues, si seulement les comédiens viennent parler de poésie, car il est temps de remettre la poésie à sa vraie place sur le piédestal. 

Ceci était une logorrhée contrôlée. 

jeudi 27 novembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Le frottement d'un balaie sur une cymbale. Tranquille et souple, le bruissement du corps de l'instrument résonne dans une nuit noire mais calme. La lune, si légère en cette nuit, ne sait plus quoi éclairer. Les violons de la mer rajoutent leur mélodie, la voix d'une sirène fait des siennes: belle nuit, si elle pouvait toutes être comme celle-là. Une histoire est contée, chiffre après chiffre, le temps s'égraine, à n'en plus savoir quoi dire. Les mots échappent à la conscience, les mots échappent à la confiance.

Le frottement d'un balaie sur une cymbale marque le rythme de la nuit, une cadence que l'on suit presque machinalement, à contre courant. Le vieux loup de mer, celui qui a déjà marché ce chemin, dont les moindres vagues lui sont familières, celui-là même ne sait plus quoi penser. La lune, en projecteur passif, éclaire de sa volonté cette image, un nuage passe, chargé d'eau, comme si la mer n'en avait pas déjà assez. C'est le temps de l'été qui arrive, poussé, attiré par une nouvelle vie qui arrive.

Le frottement d'un balaie sur une cymbale inaugure la nouvelle naissance d'un astre, un soleil qui chaque nuit meurt pour mieux ressuscité le lendemain. Mais avec larmes, fracas, et sang, il revient à la vie dans un incendie de couleurs, déchirant le ciel, laissant apparente des plaies béantes, regorgeant de souffrances: la nuit a été dure. La sirène supplie le temps de se figer, pour laisser à la vie le vieux loup encore endormi. Les mots de sa poésie si tendre apaisent la réalité, le monde si chaotique, alors comme élancé par une envie si belle et si forte, les secondes meurent, arrêtant la vie.

Le frottement, tranquille, subtile, presque oublié, de ce balaie sur cette vieille cymbale me retient le cœur, le cache prisonnier dans un carcan de bonheur, image paradoxale d'une réalité difficile à imaginer, mais dans ce monde que je fais mien, la logique n'a plus de valeur. Une tromperie peut résonner, elle n'aura que l'image d'un son triste, peut-être empreint d'une certaine nostalgie, rien de plus. J'en garderais l'impression d'une chose qui peut avoir son côté attirant, si on le prend du bon côté. Alors, sans doute oui alors, une vive allure pourra venir courir me dire qu'il est temps, embarque les rames, et navigue vieux loup.

Une cadence légère, sans souci, bileuse juste ce qu'il faut, enrichie de nos émotions, pas celles qu'on impose à notre envie, des vraies émotions, enfantées de notre passé, de ce que nous sommes se présente à nous: que faire alors je pense la saisie et la faire mienne. Rythme d'une poésie de joie, d'une poésie qui nous sort parfois de ce monde, pour nous faire rentrer dans une bulle de nuit qu'on n'oubliera pas demain, je l'espère bien...

mercredi 26 novembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Jamais cela ne prendra de fin, assurément, il s'agit de toujours continuer. J'aime à penser qu'un jour la mer se dérobera sous mes pieds, que sa souplesse laissera place à une tendresse toute naturelle, qu'aucune chose, oui, que rien ne pourra noyer le bonheur au milieu de tant de tristesse. J'aime à penser que la vie ne doit pas saisir cet instant de mort qui rôde dans chaque respiration, dans chaque souffle poussé par l'homme, que les mots, ceux qu'on aime à lire, à imaginer, que les mots amènent quelques larmes perdues, quelques souvenirs, qu'un sentiment puisse enfin naître dans ce monde à l'agonie.

Les poètes se sont toujours rendus compte de la réalité de leur temps. Les choses qui n'allaient pas se montrer à eux, comme se dénonçant, librement, ils narguent ainsi l'impuissance des gens. Alors, seulement alors, se déchaînent les passions humaines, prêtent à libérer une tempête, avec vagues et fracas, rompant les digues de la vie. 

Je suis le poète de la vérité, disait-il. Le théâtre, que vous voyez, vous Madame, vous Monsieur, ne sert à rien d'autre qu'à vous dire cette vérité. L'auteur qui ainsi présente devant vous le portrait du monde malade qui nous sert de foyer ne désire que vous toucher, pointer avec son doigt trop sensible la réalité de votre cœur: nous sommes recouverts d'une seconde peau qui nous prive de ressentir. Épluchons cette horreur qui collée à notre espèce ronge la réalité de notre vie. Nous sommes faits pour vivre, et aimer. 

Un quatuor à cordes, lancinant, lentement, avec une grâce toute divine, portée par l'amour de musiciens, évoque la douce mélancolie, la nostalgie heureuse, d'un temps où les valeurs étaient appréciées, d'un temps où chacun en tant qu'humain avait droit à sa part de respect. Ce quatuor à cordes, lancé par un élan quasi mystique, revisite avec une fougue héroïque les affres d'une vie trop monotone, projette vers nos consciences une chose trop rare qu'on appelle parfois amour, émotion, partage. À nous de saisir ces choses quand elle se présente à nous. 

C'est le travail de l'art et de ses disciples, celui d'étendre cette conscience, de perpétuer ce chant. J'utilise des mots pour le faire, j'utilise mes maux pour le faire, je forge par ma vie la symbolique de mes expressions, des tournures que je donne à mes phrases, je défend sans cesse non pas le résultat, ni même les méthodes de ce que vous lisez, je défend le regard qui je porte, qui me rend ainsi différent et unique. 

Je m'extrêmise au maximum, de la même façon mes mots en subissent le sort. La folie me guette sans doute, prête à bondir, à saisir au vol une pensée qui sera un peu trop lourde pour continuer de voler dans le tourment de mon esprit. Je ne parle pas de malheur, de tristesse à envisager la mort, je parle d'une douleur de voir les choses de la manière dont elles vivent au plus profond d'elles. D'une façon de vivre qui tend à me faire comprendre, à présenter à mes yeux que le monde peut trouver une solution, alors qu'il n'en a pas envie. 

Quand je suis seul, sur scène, que personne ne danse autour de moi, que je m'évertue à toujours jouer mon rôle. Quel est-il exactement ? Si je le savais, nul besoin de poser la question. Les lumières toujours éteintes se reflètent intelligemment sur le sol, pour y dessiner formes et ombres poignantes, qui s'imaginent peut-être messagers d'une tempête, qui déferlera sur les rives tranquilles d'une vie de transition. Attention de ne pas mouiller les amis qui nous accompagnent par nos explorations de nous-mêmes. 

Un quatuor à cordes joue sur la plage, le vent venant gonfler le son de leurs violons, vrombissant de la manière qui pousse le corps à trembler, que se passe-t-il, suis-je attentif, je ne veux rien manquer du spectacle. 

Un quatuor à cordes, cheveux aux vents, l'archet qui pointe le son heureux de la symphonie de ce jour. Les mots n'ont aucune valeur à côté de cet effet magique, ils sont portés par ces sons, hurlant, criant, vociférant, la réalité n'est pas comme nous la vivons, la vérité se porte sur le cœur et nous rend ce bonheur, les mots nous aident à aimer, le théâtre nous montre cette réalité.

mardi 25 novembre 2008

Ah !

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Un homme et une mer (suite)

Comment dire à quelqu'un, à un groupe, que l'on sombre dans la folie, à nouveau. Je sombre seul dans le vide et le néant, j'assiste en spectateur à ma propre chute, attendant le moment où je décrocherais mon parachute. Pour tomber dans la mer, écraser l'écume d'eau, en faire naître des vagues, attrister un ciel trop cruel, alors, je me pare du linceul de la solitude, en fait ma part et mon héritage. Quand au petit matin, le ciel enlève son voile noire, que la lune brûle ses dernières résistances contre le jour, qu'un épais nuage accompagné de pluie veut prendre sa part, je ne sais plus où penser. Les mots manquent à l'appel, ils sont dans le désordre, éparpillé, aux quatre vents, on les retrouve. Seul au petit, tout petit matin, sur la scène de ce monde, occupé par mes pensées, qui m'en rendent prisonnier, je cherche la réplique. La réplique de ce que je suis, l'écho de mes pensées, le miroir de mon art. Je me demande à quoi pourra-t-elle ressembler, si elle sera une Bérénice ou bien une Andromaque. Si trompé par mon propre jugement je passe à son travers, que la réplique passe et s'écrase injustement, pire qu'elle soit volée par un autre que je n'avais pas vu. 

Il est là, marchant, seul, sur la rive à la marée si basse qu'il se demande comment elle pourra remonter. Il veut traverser cette mer qui s'oppose à lui, avoir le courage d'y combattre. La poésie qu'il tient tant, les sacrifices qu'il doit faire, sont parfois trop haut à ses yeux. Il recherche toujours le beau, le style dans ces mots, l'énergie pour faire naître une belle œuvre. Il cherche sa muse, il cherche la raison de ses mots, de sa poésie, la raison, celle qui le pousse à toujours vouloir faire mieux. Celle qui est le support de son regard sur la vie, qui est là pour dire, oui, regarder, je suis la personne qui illustre le mieux son regard, je l'aide par ce moyen, il est prisonnier heureux de cela, et pourtant, je ne le retiens sans aucun lien, c'est lui qui s'y attache, s'y accroche. 

Il veut traverser la mer pour donner un sens à ce qu'il fait, je veux le faire. L'émotion qu'il a eu au théâtre, quand les mots ont réussi à rentrer dans son cœur pour lui faire comprendre le message, que la personne devant lui, le comédien, touché par les mots, a aimé et à voulu partager. Quelque soit ce message, s'il est sincère, qu'il est né par pure envie, par pure passion, plus par nécessité, qu'il n'en aurait rien pu être autrement, je veux l'apprécier, et lui donner des enfants. Multiplier ce message, par ma méthode, faire comprendre aux gens, que je vois des choses, que mon regard est différent, que l'apparence montre plus que ce qu'elle le voudrait, et que j'arrive à percevoir les émotions, que le beau se retrouve de partout quand il y a un peu de sincérité. 

C'est la chair à vif, rougeoyante, crépitant comme un feu plein de souffrances, que je demande à être compris. Ce n'est pas un jeu, je le dis souvent. Il faut bien préparer la traverser de cette mer, ce n'est pas une marre, ni un étang, c'est la limite de ma vie d'aujourd'hui. J'en ai déjà traversé quelques unes, mais l'étendu de celle-ci est trop impressionnante, il y a trop d'obstacles à manœuvrer, et les ports d'arriver trop nombreux. À choisir un d'entre eux, c'est un casse-tête qu'on préférerait éviter. Trop d'écueils sont enclins à saborder la chair trop tendre de mon embarcation, de la barque, ou plus justement le radeau chimérique qui s'emploie à me faire traverser. 

Encore seul, sur le radeau, j'attends l'autre personnage, comme Bérénice attendant Titus, je ne sais pas où cela mènera. Je ne sais plus où cela peut conduire. Comme un raid de pensées qui nous assaille, qui nous pique les artères. 

La mer coule dans mes veines.

C'est déjà ça de prit sur elle.  

samedi 22 novembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Personne ne voit à quel point, assurément, la vérité peut être prenante. À en croire les gens les plus intelligents tous se perdent dans un labyrinthe de mots et de réflexions sans sens. J'aime à prendre exemple sur la mer, là depuis toujours devant nous, matrice d'un rêve, plus un fantasme qu'autre chose, qui nous saisit le cœur, nous rappelant le sens profond de nos vies. Nous naissons, nous vivons, en grandissant ou non, nous vieillissons, tous, et nous mourrons. Toutes ces choses sont différentes selon les personnes. Mais personne n'échappe aux pouvoirs du contrôle des mots. Le monde est un théâtre. Je n'invente rien alors inutile d'y revenir. Mais ce théâtre perd ses repères. J'aime à penser qu'il est là pour montrer ce que doit être le futur de l'art, de cette chose inutile mais indispensable. Alors quand je lis des choses à la mode, sans style, ou plutôt ayant un style mais totalement dénué d'âme, de vie, je m'énerve. Les jeux de mots à torts et à travers irritent la langue, la font passer simplement pour un exercice mathématique, un puzzle littéraire. La poésie ne doit pas un être un miroir des mots. La poésie doit être un révélateur des mots. Il est inutile de les montrer simplement pour les montrer, cela reviendrait à être des exhibitionnistes de la langue. On parle, on parle, pour ne rien dire, rien dire de valeur. 

Le murmure de la mer, qui s'en va grandissant, explose lors de la tempête, et les voluptes des nuages se dressent dans les cieux pour rejoignant un monde surréaliste mourir dans l'écume de la réalité. Ce mouvement invente des mots, se met à la portée d'une langue nouvelle et personnelle à chacun. Se démarquer des autres devient plus qu'une envie, c'est une nécessité qui tue à chaque fois plus encore celui qui la porte. Alors il convient d'y céder pour ne pas courir dans la fosse, se jeter dans la vague mode qui semble porter si facilement nos aspirations littéraires. 

Je vous parle ici au théâtre de ma vie, celle que j'expose sans pudeur mais de façon irréalisable pour moi. Mon flot de paroles ininterrompues sort de mon angoisse, pour se répandre devant vos yeux, à vos oreilles, c'est une marée d'algues écœurantes. Il est préférable de les oublier pour la majorité, mais c'est au risque d'y perdre la perle qui peut s'y cacher. Je ne joue pas. Personne ne joue. Le jeu n'existe pas quand la pensée s'empare des mots, quand dans son hérésie, l'auteur va à l'encontre de ses idées, des idées des personnes qu'il admire. Il devient une entité personnelle et nouvelle alors. Un style qui se creuse dans son propre sillon, et non dans celui de ses voisins. Il rame alors pour lui-même, il fait avancer sa propre barque dans cette océan inépuisable de l'art. Au comptoir du théâtre, il reprend des forces, mais va en donner par la même occasion. 

C'est alors la lune qui s'épaissit de nuages, voile le ciel d'un second drap de nuit, la vie nous échappe, et l'homme cherche à gagner sa licence d'humain certifié pour apprendre à se comprendre. La poésie est la demande écrite de cette licence. 

mardi 18 novembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Hallucinant le pouvoir de la nuit sur les éléments. Un petit rien ne suffit pas à ébranler une gigantesque envie de ruiner cette folie. Je suis là, un poème à la main, surconsommation d'un désir d'évasion, un truc dans le genre, je ne sais pas. La pluie tombe du ciel, le ciel se recouvre de nuages épais, mais disparates, on se demande si ce ne sont pas les montagnes qui s'élèvent vers la chute des cieux. Une course, hallucinante, lancinante, d'avance perdante nous saisit. Oui tu l'as dit, il l'a dit, nous l'avons dit, quoique nous ayons fait, nous sommes nés pour penser. Mais beaucoup se refuse ce droit. Ils se contentent de lire, d'écouter, ce qu'on doit faire. Ils lisent des précis d'écriture, des traités sur la littérature et pensent savoir comment il faut faire. Ils ne savent en définitif qu'une chose: quelqu'un a pensé pour eux. Quelqu'un a pris une décision, tu dois faire ceci de cette manière, tu dois te lever le matin, sans savoir pourquoi et obéir à un chef en sachant pourquoi, alors que lui ne sait rien. Le raisonnement n'est pas celui d'un lâche, d'un peureux ou de quoique ce soit d'autre. Tristement, la mer meurt chaque jour aux marées descendantes, pendant que la lune se réveille. Elle parcourt le ciel, reflète dans l'eau sa joie de vivre, éclaire nos yeux d'une lumière que nous ignorons. Elle porte la mort du soleil, et la poésie se charge de la regarder. 

Certains diront que je me perds dans des divagations inutiles, mais chaque pensée émise par l'esprit de quelqu'un peut avoir son lot de valeurs. Une folie prend l'humain quand il se rend compte que quelque chose lui échappe. La poésie échappe aux humains. Les humains ne veulent donc pas la comprendre. Certains s'y essayent, rendant un peu moins malheureux ceux qui l'ont fait sortir de son monde d'obscurité. 

Toutes les histoires existent déjà quelque part, l'auteur n'est qu'un explorateur de ce monde, et porte ses découvertes à ses semblables. 

Écoutez, vous qui ne semblez pas faire bien attention à ce que je dis. Le théâtre a toujours été le lieu des révélations, d'un temps passé, d'un temps présent, mais aussi d'un temps à venir. Les auteurs parlent toujours de ce qu'ils voient, de ce qu'ils espèrent mais aussi de ce qu'ils redoutent. Donner la vie à un personnage n'est pas un acte innocent, sans valeur consciente. C'est l'exploration de son côté sombre, sa personnalité voilée et cachée qui effraie beaucoup trop de monde, et narcisse me pris, et narcisse me fit poète. 

Arrête, sérieux, tu te prends la tête avec peu d'importance. Mes maux ne sont pas irrationnels. Écoute le son de la vie, emporté par un je-ne-sais-quoi, qui me perturbe, qui partant au-delà d'un vide essentiel déchire en moi une sorte de volonté d'aller toujours plus loin. Je veux être maître de ce que je suis, de ce que je veux être, de mon art. Mes mots ne viennent pas au hasard, ils ne viennent pas sous contrôle, ni même sous une impulsion mystique. Ils sont là par la sensibilité trop usée, sur laquelle trop de gens ont marché et qui ne veut que la chaleur d'un amour vrai et sincère. 

J'explique comme cela l'émotion d'une nuit au dessus de la mer, caché dans la colère de ses vagues, qui déferlante sur moi tyrannisent mes ennemis.  

vendredi 14 novembre 2008

Un homme et une mer (suite)

L'exploration de nouveau horizon me permet de mieux comprendre le monde. Quand il nous est donné la chance de contempler la renaissance du soleil, jour après jour, tendu dans le ciel, serré par une barrière, une ceinture de nuages noirs qui prennent le temps de couvrir l'espace de leurs liens de mort, il nous faut alors repenser la vie. Je vous en supplie, prenez le temps, un jour, ça pourrait arriver, de vous levez avant le soleil, de revenir en sommes à la vie avant lui, de sortir, et d'attendre sa venue dans le nouveau monde de cette journée. C'est une lueur qui s'étend au dessus de la mer, un mot ne saurait le définir, une larme de joie en dit déjà plus. 

C'est à cela que sert la poésie, misère, écoutez, lisez, c'est plus juste d'ainsi le dire que de le penser sans trop y prêter une attention soutenue. Tout est calculé, je le répète, comme un gamin qui cherche à convaincre de son utilité par sa bêtise. Alors, je le dis alors, pourquoi, l'art, pourquoi, la vie, pourquoi, cette faculté de trouver l'émotion à sa source, pourquoi, vouloir partager cette sensation exigüe, dans laquelle personne ne se retrouve seul, mais au la communauté se prend ensemble pour partager. J'ai ainsi toujours trouver étrange, mal à propos bien souvent que des gens qui ne se connaissent pas, se retrouve dans une salle, dans l'obscurité, pour écouter les paroles bien délirantes d'une personne qui a écrit sa pensée. C'est un manque de pudeur, tout au moins ça peut le faire croire, en donné l'impression forte et marquée. Cherchez la logique, j'écris justement pour ce théâtre de folie, qui ne cesse de s'agrandir, où les mots y trouvent leur refuge. 

Vous, madame, avec votre monsieur, écoutez la question que vous refoulez, c'est intensément prétentieux que de ne pas l'écouter, en comprendre la subtilité, la moindre épluchure de l'effeuillage d'un cœur trop tendre qui ne désire qu'une chose: que les larmes amères et suaves de la réalité cesse de brûler les tissus de sa pensée, de son envie, de sa vie. Personne, je ne demande à personne d'adhérer à cela, à ceci, à celle là, avoues-toi aimé. Sincèrement, c'est possible ? J'en doute, avoues-toi aimé. Comme si j'en suis coupable, comme si le dire me mènerait à la potence, un gibet, élevé parmi une foule assoiffé de souffrance, qui n'attend que le conte à vivre pour leurs vieux jours, se dire qu'avant il y avait une justice. 

La culture c'est inutile, mais qu'est qu'on en a besoin. Cette réalité comme une ligne de conduite, qui nous dit, viens suis-moi, tu sais que la réalité ne se donne pas sans vérité. 

La mer et son comportement ne trahissent que la violence de ce monde, cachée sous des airs de marre à barboter pour jeunes enfants encore naïfs, les chanceux. 

jeudi 13 novembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Tranquille, le soleil prend place dans le ciel, il tire à lui les nuages, rougissant, ouvrant béante une cicatrice céleste, comme si les astres témoignent de la fragilité de la vie. Chaque matin c'est pareil, au bord de mer, un air de rien qui s'installe par compromission, comme si rien d'autre ne lui avait satisfait dans son cœur. Je m'y attache, à ce petit bout de poésie, celui-là même que j'entrevoie dans chaque morceau de ciel. Il faut savoir composer avec les couleurs qui se posent là en maître, sans qu'un avis soit demandé, à quoi faire après tout ? Je ne sais pas. Un doute se prend, c'est légitime, quoique parfois, les réalités qui se pressent à nous ne sont pas vraiment justes. Avoue que tu ne sais pas toujours pourquoi tu restes là, assis, perdu dans un nouveau morceau de celle plein de mystères. Le mystère de celle qui te dit: avoues-toi aimé. Curieux de dire une telle chose de telle manière. Confusion, ça oh que oui, mais pourquoi ne rien dire ? Tranquille, la nuit meurt doucement, lève le voile sombre et bileux d'un mal nécessaire chaque jour pour apprécier la valeur d'une renaissance continuelle. Aligner les mots par anarchie, c'est bon. Je ne veux que rien d'autre, tout est calculé pour laisser croire à une finesse naturelle, à un désordre de chambre, à un meurtre des mots par un malade sans nom, la scène de crime ne sera pas nettoyée d'ici là, alors venez prendre les photos du lieu du drame. 

Il regarde ça et là, ça oui, je le dis, les mots lui manquent. Il se dit qu'il aimerait être assez costaud pour pouvoir prendre les vagues de la mer, les jeter, sans trop savoir comment il s'y prendrait, et repeindre le ciel de celles qui sont là. Car il écrit avant tout pour les femmes, comme tout les poètes, ça n'aurait aucun sens d'écrire pour d'autres formes de vie. Il est son propre théâtre, qui est régit par ses propres règlements, un code dicté uniquement par lui, pour lui, et qu'il ne sais même pas suivre. Une route de campagne, une montagne pour faire oublier l'étendu presque mortelle de la mer, qui nous prend, nous happe, ficelle nos mots par notre langue, que la chose soit plus perverse encore. Sans aucun doute, personne ne suivra le fil de la pensée, et les Parques en toute mythique qu'elles sont, viendront aiguisant leurs épées pour nous séparer d'un lambeau de vie. Le tableau est sombre comme cet esprit nostalgique à l'empreinte oubliée de sensation qui détruit tout ce qui fait de moi un être humain. Ne sachant que faire ou bien où aller, je laisse la faim de ma langue mourir entre deux monologues tragiques. 

vendredi 12 septembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Décrocher au moins une fois de cet espace liquide, qui glisse entre mes doigts. J'ai déjà tenté de voler un bout de mer, de voler un temps à l'espace. Rien n'y fait, triste sort d'un matin nuageux, je suis las, de savoir qu'il n'y a rien d'autre à faire dans tout ce temps. 

Je suis là, assis au bord de la mer, les pensées tourbillonnent, bercées d'une illusion miroir à ma vie. Que me dire, que penser si je vois mal le moment qui sera le bon pour me tenir prêt à courir, sans peur, sans le regard des autres à mes côtés, prendre ma respiration et haletant sauter dans l'eau, prendre la mer au cou, et me battre farouchement. La mer est une scène, branlante parfois, stable, rien de moins sûr, imprévisible, il est clair qu'elle l'est. Je ne comprend pas le monde qui pense, celui qui donne illusion, qui se regarde dans un miroir déformant sans savoir qu'il l'est. Alors heureux de voir son image, il poursuit sa route, sans se poser la moindre question, à savoir, les pièges sont-il tous des leurres, et où est le miroir aux alouettes ?

Décrocher d'une réalité trop souvent absente du mythe, il doit y avoir une certaine cohésion entre les deux. Je ne sais pas plus d'autres choses, je désire franchement changer mes choses, et alors. 

Toi, faire d'un rêve si beau ta réalité, je n'en suis pas certain. Comment se dire qu'on pourrait y arriver tous les deux, alors que nous n'y sommes jamais parvenus. Tu ne feras jamais parti d'un groupe de gens soudé, la solitude sera ta compagne, personne ne voudra de toi, aucun ne sera capable de te comprendre, et tu le sais. Tu ne veux pas de tout ça, mais tu sais que c'est le tribu à payer aux muses. Alors, aussi simplement qu'un enfant désire l'amour de sa mère, tu te laisses noyer par les flots de la mer. Je deviens alors triste, pris de larmes qui suintent le long de mes veines, qui amènent rouilles et ravages dans mon corps. 

Décrocher, oui, mais pour quoi, pour qui, pour quand et surtout pour comment ? 

jeudi 11 septembre 2008

Un homme et une mer (suite)

C'est étrange comme la vie peut nous laisser des surprises que nous aurions préféré ne jamais devoir ouvrir. Comme ces petites choses malignes qui surgissent des boîtes qu'on ouvre toujours trop précipitamment. La surprise de voguer sur une mer tranquille qui d'un saut d'humeur arrive à en devenir une violence sans visage. Je n'arrive plus à imaginer la mer sans colère, juste là, suivant un rythme reposant, cadence d'une vie trop souhaitable pour un jour nous être permise. Je manque à beaucoup de choses mais que dire de cette vie qui soit disant m'apporte tout alors que j'ai la sensation de vivre dans une attente partielle de choses complètement irrationnelles. Un doute subsiste quand à ma capacité à vivre correctement les choses. Chacun voit les choses qu'il veut voir dans sa vie, dans la mienne encore plus. Les réussites qui vont avec ne sont jamais que le reflet d'un désir et non pas d'un accompli. 

Tu te prends trop la tête. Tu la sers entre tes doigts, fermant des poings, l'histoire de se raconter qu'on a du mal, que l'on ne sait plus vraiment si on doit aller, et faire ce qu'on ne sait pas pourquoi l'on est fait. C'est plonger dans l'inconnu, sans avoir sonder le fond, sans savoir si le bain sera de résurrection ou de mort. Tu prends trop la tête à ne jamais te dire que vivre c'est déjà bien. 

C'est étrange comme les rêves peuvent avoir de l'importance pour certains, être une simple anecdote dans la vie pour d'autres et n'exister que dans la profondeur de la nuit pour les derniers. Je vis, oui, je suis en vie, tout ce qu'il y a de plus courant dans ce monde où la mort pourtant jonche les rues. Arrêtons de nous voiler la face, personne ne va bien, les soucis, les tempêtes de la vie, l'amertume d'un regret qui ronge les souvenirs, bon ou mauvais, le désir de faire autre chose. Tous autant que nous sommes, posés là, sur le bord de la mer, sur une plage selon notre envie, nous ne savons pas où notre esprit divague. Rien ne sert de savoir précisément où l'on est, rien de sert de savoir si l'on est réellement là, ce qui compte c'est de renverser la maison de nos idées, la soulever, tout changer, se dire qu'enfin tout pourrait être comme nous le voulons, modeler de nos mains, qu'il suffit de le vouloir, qu'il suffit d'un peu d'effort. 

Je rêve de tout ça chaque jour. Simple désir absurdité d'un homme qui regarde le passé en baissant la tête, qui le regrette mais qui le ressasse. 

On ne construit dans le bien en répétant les souffrances, comme si les gens pour mieux éviter les coupures ouvraient leurs cicatrices pour voir comment elles sont venues là. 

C'est étrange cette envie d'échapper aux maux de la terre en s'accrochant à leurs souvenirs. C'est étrange cette manie que nous avons de toujours voir les choses les plus sordides alors qu'un morceau d'enfance peut suffire à relever un sourire d'un visage. C'est étrange que je sois toujours là, figé comme une statue de sel, comme si je cherchais la rédemption de la faute d'être moi-même. Tout au moins de m'efforcer de l'être. 

Une dernière fois je ne serais plus comme ça. Je ne l'espère pas, je ferais tout pour l'être. 

jeudi 4 septembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Je continue à vivre sans savoir ce qui m'a constitué un jour, ce qui a fait de moi ce que je suis, et alors. Je regarde cet océan trop plein qui voudrait déborder à chaque marée mais qui pourtant ne le peut. Triste ironie d'un sort bien trop cruel pour exister dans une réalité. Je vis, dans le sens où mon corps est bel et bien nourri par l'air et la nourriture, mais quoi de mon esprit et de mes rêves. Ils semblent encore et toujours se noyer dans cette eau, dans cette immensité qui nous attire vers elle comme les vautours sur les cadavres. Comment être unique, donner une dimension tout autre à des mots que moi seul entend vibrer dans l'air, dans l'imaginaire de mon esprit. Comment rester et se dire qu'il y a la moitié des chances pour que rien ne se produise quand armé de mes mots je prend le train du désir et que je commence à écrire. 

Reste toi-même, sans doute, aucune autre solution ne sera présente, aucune autre solution ne se présentera à toi. Je sais bien que c'est facile à dire, comme d'écouter des paroles fortes qui te font bouger, comme de te dire que d'autres ont essayé avant toi, et que tous ont échoué dans la vie, mais réussi dans l'oubli. 

Prend toi par la force, par le poid des armes, oublie le regard de l'amour et cesse de te dire qu'un jour tu seras compris. Le combat était perdu avant même d'avoir commencé. Je sais qu'il faut que je me le dise, mais combien de temps encore verrons-nous ce même cycle se produire. Dans l'immensité de la mer qui pourtant a une fin nous n'y voyons guère plus qu'un espoir mal informé sur sa fonction. Je me souviens d'avant, quand toutes ces questions ne m'éfleuraient même pas l'esprit, que naïvement je pensais pouvoir écrire sans contrainte, qu'aucun raisonnement ne viendrait s'imisser dans mes mots. 

Je continuerais sans jamais vouloir m'arrêter, cela ne sert à rien de se dire que la vie est faite pour être regardée comme un mauvais théâtre qui nous attache au siège, qui nous prive de notre liberté de ne pas aimer. Quoiqu'on dise je sais ce que je veux, à la vérité, plus j'écris plus je le sais, mais aussi, moins je ne sais le communiquer. Savoir c'est un don qui nous libère mais qui nous prive aussi de la possibilité d'échanger en masse. Je m'adresse alors à des gens déjà convaincu, qui ne pourraient que trouver un peu plus de courage et de volonté dans leur quête, mais en aucun cas un boulversement pourra surgir chez des gens qui se privent de cette conscience. 

Le savoir est une démarche personnelle, personne ne peut nous dire quand la faire, il y a que lorsque l'on se noit, la mer ne nous rend pas, il faut alors se battre, et enfin se libérer. 

vendredi 29 août 2008

Un homme et une mer (suite)

Nous ne savons pas où nous allons, car nous ne savons pas d'où nous venons, car nous ne savons pas où nous sommes, car nous ne savons pas ce que nous sommes: alors se pose la question de savoir pourquoi un regard posé sur les vagues ondulantes de la mer nous intrigue tant, pourquoi nous cherchons à savoir alors que rien ne nous est donné pour voir. Voir que la mer est immuable, que sa face et son caractère plat ne changeront jamais. 

Nous sommes pris d'une folie, dérangeante, aliénante, qui nous prive de savoir, qui ordonne à ce regard une position de faiblesse et de soumission, qui ne nous permet pas de rester dans la concentration nécessaire pour vaincre nos peurs, une folie destructrive qui met en exergue une exacerbation de sentiments interdits pour vivre en paix. alors oui alors que dire de plus quand prisonnier de nos désirs, je vois une partie de moi d'abattre sur le sol, laisser ses pieds s'enfermer dans le sable de la plage, prendre racine dans une rivière de larmes. Nous ne savons pas pourquoi cette folie s'attache tant à tout prendre, comme si de tuer une partie d'une vie ne suffisait pas, il nous faut prendre tout ce qui pourrait permettre une renaissance. 

Quoi, que dis-tu ? Je ne te laisse pas la parole. Je suis le maître de pensées en tout genre. Les mots ne sonnent pas comme ils sont écrits, et alors, si ça te pose un problème c'est qu'ils ont réussi leur mission. Oui, je ne te laisse pas la parole, je te prive de liberté, celle-là même que je cherche avec avidité. 

Quoi, que dis-tu ? Je te prend une parole que tu mériterais dans un tribunal. La mer monte, la mer descend et nous prend les écrits, les mots, les pensées, les envies, c'est un problème et tu décides de rester seul. Oui, prend la parole, mais pour appeler à l'aide et pour te dire que peut-être quelqu'un pourrait t'être d'une aide des plus précieuses. La liberté c'est aussi le devoir de penser aux autres, la chercher avec avidité c'est peut-être ne pas bien l'aimer. 

jeudi 28 août 2008

Un homme et une mer

Un regard vide porté sur l'horizon, il se laisse prendre par le souffle d'un vent marin tranquille, il va sans dire. La mer est douce, sans vague déferlante, elle est là, comme toujours. Mais pour combien de temps encore. 

Un regard posé sur l'ondulation de l'eau, de cet espace fuyant, qui ne cesse d'appeller au voyage, il est là, accroupi son visage sur les genoux, il attend. 

Un regard qui sent le vécu et l'espoir de se dire les vérités du monde, sans s'énerver. 

Je suis là, mon regard près de moi me trahit, encore une fois. 

Premier post

J'écris dans le vide ces quelques mots pour débuter une aventure en solo, en parallèle du blog que je mène avec Juhne. 

Comme une envie d'explorer un peu seul et éloigné des autres styles d'écritures ce que je suis et ce que j'ai envie d'être. 

Bonne lecture sur cette espace qui sera en toute humilité le théâtre de mes expérimentations littéraires.