jeudi 27 novembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Le frottement d'un balaie sur une cymbale. Tranquille et souple, le bruissement du corps de l'instrument résonne dans une nuit noire mais calme. La lune, si légère en cette nuit, ne sait plus quoi éclairer. Les violons de la mer rajoutent leur mélodie, la voix d'une sirène fait des siennes: belle nuit, si elle pouvait toutes être comme celle-là. Une histoire est contée, chiffre après chiffre, le temps s'égraine, à n'en plus savoir quoi dire. Les mots échappent à la conscience, les mots échappent à la confiance.

Le frottement d'un balaie sur une cymbale marque le rythme de la nuit, une cadence que l'on suit presque machinalement, à contre courant. Le vieux loup de mer, celui qui a déjà marché ce chemin, dont les moindres vagues lui sont familières, celui-là même ne sait plus quoi penser. La lune, en projecteur passif, éclaire de sa volonté cette image, un nuage passe, chargé d'eau, comme si la mer n'en avait pas déjà assez. C'est le temps de l'été qui arrive, poussé, attiré par une nouvelle vie qui arrive.

Le frottement d'un balaie sur une cymbale inaugure la nouvelle naissance d'un astre, un soleil qui chaque nuit meurt pour mieux ressuscité le lendemain. Mais avec larmes, fracas, et sang, il revient à la vie dans un incendie de couleurs, déchirant le ciel, laissant apparente des plaies béantes, regorgeant de souffrances: la nuit a été dure. La sirène supplie le temps de se figer, pour laisser à la vie le vieux loup encore endormi. Les mots de sa poésie si tendre apaisent la réalité, le monde si chaotique, alors comme élancé par une envie si belle et si forte, les secondes meurent, arrêtant la vie.

Le frottement, tranquille, subtile, presque oublié, de ce balaie sur cette vieille cymbale me retient le cœur, le cache prisonnier dans un carcan de bonheur, image paradoxale d'une réalité difficile à imaginer, mais dans ce monde que je fais mien, la logique n'a plus de valeur. Une tromperie peut résonner, elle n'aura que l'image d'un son triste, peut-être empreint d'une certaine nostalgie, rien de plus. J'en garderais l'impression d'une chose qui peut avoir son côté attirant, si on le prend du bon côté. Alors, sans doute oui alors, une vive allure pourra venir courir me dire qu'il est temps, embarque les rames, et navigue vieux loup.

Une cadence légère, sans souci, bileuse juste ce qu'il faut, enrichie de nos émotions, pas celles qu'on impose à notre envie, des vraies émotions, enfantées de notre passé, de ce que nous sommes se présente à nous: que faire alors je pense la saisie et la faire mienne. Rythme d'une poésie de joie, d'une poésie qui nous sort parfois de ce monde, pour nous faire rentrer dans une bulle de nuit qu'on n'oubliera pas demain, je l'espère bien...

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