dimanche 14 décembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Pourquoi j'écris et je suis là, c'est une grande question. Je ne savais rien de tout ce qui est poésie, art et littérature, ce genre de choses qui sont si capable de soulever une vie. Quand en proie à ses démons intérieurs, par une force qui s'agrippe à nous pour nous dévaster, non pas rapidement, mais avec une lenteur sadique, avec un extrême plaisir de découper chaque centimètre de notre chair, de nettoyer de haine la moindre goutte de notre sang échoué à terre. Alors la tristesse de devoir vivre avec devient une habitude malheureuse, une gêne sans pareille qui peut faire perdre patience au plus grand des hommes. Quand le cœur s'entrechoque entre les parois de notre corps, quand il ne répond plus présent si on le sollicite, qu'advient-il de moi ?

Je veux être à l'écoute de ce qui m'entoure, préféré prendre le large, ne plus vivre en pensant à demain, et peut-être me dire qu'un jour, ce qui compte n'aura plus la même valeur, qu'on ne réfléchira plus à la manière dont on dit les choses, mais uniquement à ce que l'on dit, que l'attention accordée à notre propre personne sera la même qui sera donné à la vie. Je rêve d'un jour où toute personne sera capable d'être touché par un poème, par une tirade, mieux simplement une phrase et que sans honte il s'apercevra à la fin que son visage humide et salé, il aura pleuré. Sur la mer tranquille d'une vie d'ignorance, je préfère guetter la tempête qui me donnera l'assurance de vivre une vie méritante, une vie qui en aura valu la peine. L'intérêt que porte les gens à l'art est si secondaire que je me demande pourquoi je persiste, pourquoi je m'enlise dans cette aventure poétique, pourquoi je continue à explorer les terres imaginaires de l'écriture. 

Je veux me dire que les mots qui viennent courant devant mes yeux pour se pavaner devant les vôtres, à vos oreilles pourront atteindre à leur but. Parce que jamais auparavant je n'avais pensé parler dans le vide mais aujourd'hui je me rend compte que beaucoup entendent mais que peu écoutent. Je me sens si seul, dans ce monde qui est le mien, celui que je prend le temps de me bâtir. Je rame dans une direction que je sais être bonne, sans toutefois la connaître, sans jamais en avoir vu la couleur. Peut-être que je vise une île désertée par la vie, où un nouveau combat sera présent pour moi. Je doute d'une chose tranquille, une chose pareille ne pourrait jamais porter d'intérêt à ce que je fais. Je n'y arrive plus, mais un élément me tracasse, fait que je persiste, j'écris, mes mots mes pensées, j'oublie les jeux trop facile, je préfère voir à la racine les idées, me dire que rien n'est trop petit pour moi, et qu'une grandeur belle se trouve dans tout. 

J'ai rêvé au sujet de la musique, des ondes qui se propageaient dans toute la ville, qui détruisant mes marques, mes repères, m'en indiquaient de nouvelles, une vague déferlante qui se dresserait pour moi devant mes embuches. Pitié, par pitié, le théâtre n'est pas un endroit d'histoires. Les histoires sont les prétextes à de plus grandes paroles, parce que les idées font mal quand elles sont exposées dans leur plus simple nudité. Les histoires les habillent et les rendent plus présentables, tout en diminuant leur impact. Ce qui était sensé les aider les rend plus faibles. Alors les idées meurent sous les coups des histoires mal racontées. 

Alors je sens que je meure, de ne plus savoir quoi faire, qui attendre. Je m'extrêmise, devient un fou solitaire, égaré sur l'échiquier de la mer, perdu entre deux tours de bonheur, nourrissant de noirs désirs de vendetta contre l'humanité, sachant qu'il est heureux que le sort des humains ne dépendent pas de moi. Que ma vie ne soit pas celle que je me fabrique, qu'une personne sage et forte viennent prendre les choses en main. 

samedi 13 décembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Je me rend compte, en observant bien, et longuement, que les gens sont moches. En règle général, l'humanité ne peut se vanter d'aucune beauté, rien qui ne puisse nous faire dire que oui, nous sommes beaux. Les soucis de la vie, l'absence d'intérêt pour les autres ou la poésie, toutes ces choses font que le corps ne peut se donner les moyens de se rendre plus présentable. La santé du cœur se répercute sur la santé de la beauté. Alors quand perdu sur la mer, à observer les touristes maritimes tous plus repoussants les uns que les autres on tombe, abasourdi de voir ce spectacle, sur une belle créature, l'étonnement est le plus grand. On se demande alors si on rêve encore, bercé par la monotone ronde des gens sans caractère, par cette ronde qui voudrait peut-être nous faire croire que dans cet océan désertique peut surgir un mirage.

Je parlerais plus de miracle. Le terme serait plus juste considérant la grandeur de la chose. Je ne sais plus quoi penser et le mystère de la beauté reste entier tant et tant, que plus j'y pense, moins je ne trouve de solution, pire encore, j'y vois encore moins mon point de départ. C'est ce qu'on doit appeler l'inspiration poétique, nous ne savons pas d'où vient cet élan qui par petites pointes tire la peau de notre cœur, doucement, pour nous rappeler qu'il est bien là, puis, se met à le soulever avec d'autant plus de violence que la chose est belle. Tire la langueur des violons, le son est mien, et une sirène d'un temps passé ne pourrait pas faire aussi bien que cette émotion envahissante qui prend le contrôle de ce que je suis, qui tel à l'assaut d'une forteresse assiégée depuis trop longtemps arrive à faire tomber les murailles de ma dureté pour faire apparaître l'engrenage de ma vie, qui souffre d'être toujours seul et incompris. 

Les murailles d'eau d'une vague partant à l'abordage de la rive me sont familières, je les vois chaque jour, après chaque jour, elles reviennent, tentant de me souffler quelques mots sans trop savoir si je serais capable de les entendre. Mais chaque jour, je suis là, à l'affut, je connais son retard quand il est là, je sais précisément l'heure à laquelle elles doivent arriver, je sais qu'elles me surprendront toujours, que je serais toujours ému de ce spectacle, que cette pièce de théâtre qui sera joué pour moi prendra mon cœur et le jettera aussi loin que possible dans cette mer de mots, qu'il s'imbibera de ce savoir pour me revenir fort et vigoureux, prêt à en découdre avec la poésie et les gens.

Les gens sont moches, c'est une vérité, parce que l'humanité ne s'aime plus, n'aime plus. Elle ne pense qu'à elle, et si nous sommes beaux au regard des autres, ce n'est pas à cause d'un physique agréable, c'est du fait d'un regard doux, et d'un sourire sincère. Les gens qui aiment sont des gens qui sont beaux, des gens qui s'aiment sont des gens qui s'aident à devenir beaux. La poésie nous aime, alors aimons la poésie.  

jeudi 11 décembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Je ne suis pas un code. Mon écriture n'est pas un code, une chose préétablie qui ne répond qu'à une série de consigne. Je fais mon code, pour mieux l'oublier, pour mieux en sortir, ne plus baliser ma route de ses directives assommantes. Je veux libérer mon écriture, la jeter à la mer comme une bouteille solitaire, aller de l'avant, sur une coque de noix, sur une coque de moi. Jusqu'à quand la poésie oubliera-t-elle de se mettre en avant, d'oublier les codes que les gens lui donnent, l'idée même que c'est une chose pour des gens bien comme il lui faut, pour des gens qui se disent savoir ce dont il est question. Je ne réserve rien à personne sinon le droit d'aimer toute la poésie, de lui donner du répondant en la lisant et en l'appréciant. Je suis toujours seul sur la mer, une vague étendue lisse d'où rien aujourd'hui ne sort pour perturber ce silence au demeurant un peu trop créateur de peur. 

Je suis le vieux capitaine de ma barque, qui part et s'oublie de mon inconscient. J'aimerais avoir le droit qu'on est le fou heureux, celui de fixer un mur blanc et de m'émerveiller de sa clarté, de pouvoir, caché derrière ma barbe épaisse et non plus légère comme les aiment les femmes, rester planté là sans bouger, debout, pendant des heures avec pour seul occupation de regarder le blanc si pur d'un mur, de scruter ce mur dans ses moindres détails, de le connaître par coeur, de savoir lui parler, et de rire, à grand éclat. Avoir cette lucidité qu'on les fous de pouvoir rire de tout, de laisser parler leur coeur sans savoir ce que c'est la peur, la peur du regard des autres, toujours interrogateur, mais pourquoi ris-tu, la vie t'amuse. Oui la vie m'amuse, me fait sortir de la réalité, car tous, autant que vous êtes, perdus dans cet océan de vide, une nébuleuse de non-savoir, vous avec vos idées déjà toutes faites, avant même d'y avoir pensé, vous parlez pour détruire. Je préfère écrire pour construire. 

Je ne suis pas un code qui répond à vos attentes. Je sais très bien ce que je fais, je calcule tout pour ne rien faire comme on en attend de moi, pour ne rien comme j'en attend de moi. Je me laisse aller, au bon grès des vagues, à moitié dans l'eau, à moitié sur la plage. Le regard pendu dans le vide, au bord de la falaise, au bord d'un gouffre qui gît là, sans trop savoir sa place. S'il te plaît, laisse moi vivre en sautant par dessus bord, aller moi-même à l'aventure, me perdre dans les nuages, dans mes pensées, dans le ciel encre bleu, qui poussé par le jour naissant ne sait plus quoi faire pour accaparer notre regard, notre attention, et se part ainsi de ses plus beaux costumes de la nuit. Un jour de transition qui ne veut plus paraître moribond, écoutant l'imperceptible chant des étoiles, qui dans un lointain cosmos nous rappelle à notre bonne volonté que oui, un jour nous avons vécu, nous avons même rêvé, mais de quoi ?

Sans doute, j'aimerais être ce capitaine, tout relativement que possible, en être une partie, la bonne si possible, qui me donnerait la capacité de vivre pleinement. Regarder le néant sombrer dans un déluge de mots, dans un flot, dans un torrent de vie, faire que les mot me soient malléables,pour mieux les maîtriser, les faire miens et vous les donner trop généreusement, alors que vous n'en prendrez pour vous pas la moitié. Dans un excès de volonté maniaque d'être aimer des autres, choses paradoxales alors que fondamentalement je n'aime pas l'humanité, je continue à écrire, à pencher mes mots sur le papier, pour qu'une fois le livre en main, vous puissiez toucher du doigt le travail qui sort du ventre de l'auteur, pour qu'une fois le comédien criant sa tirade vous puissiez comprendre l'extrême importance de mon vocabulaire. Oui, je m'extrêmise, autant que je le veux, autant que je le peux, je n'aime pas faire autrement. 

Peut-être que je suis un code, mais un code qui se change seul, de manière aléatoire, pour que personne ne puisse prévoir qu'elle sera sa nouvelle peau, et qu'ainsi mon code reste secret à tout jamais. La clé je la connais, je la change elle aussi dès que je le peux. De cette façon, mon mystère me reste entier, rien qu'à moi, il me reste dans mon esprit, dans l'amour qui vit en moi, et rien n'est alors une chose honteuse. Je n'ai pas honte de vivre seul sur mon récif, dans ma propre histoire, voguant sur cette mare de larmes assez grande pour être nommée mer. La tristesse qui l'accompagne s'appelle Nostalgie, et Nostalgie rime avec Envie, l'Envie qui me hante de faire autre chose, de me prendre à bras le corps, pour devenir encore plus vivant que je ne pourrais jamais l'être, et alors, prendre conscience que la beauté du monde n'a d'égal que sa fragilité et sa forte propension à mourir. 

Je ne suis pas un code, alors arrêtez d'essayer de percer mon mystère. 

mercredi 3 décembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Ceci n'est pas une logorrhée.

Quoique les apparences puissent laisser penser, par des mots ou une impression, durable, au sein du cœur et de l'âme. Les gens ne comprennent pas la réalité, ne se doutent pas de ce qui peut nous arriver. Quand le langage se pose en juge impartial se place ici et là regarde le monde qui l'entoure et tente de lui donner un sens, les mots naissent. Faiblir dans ce système c'est souffler sur la petite bougie que nous sommes. Je doute dans la vie, je ne doute pas au théâtre, dans ma poésie, avec mes mots. Je suis alors dans le réel, le seul qui a une valeur intéressante à mes yeux. Je me dis donc que le tintement de cloche n'est jamais le même, ou alors, il n'est pas celui qu'on espère. 

Quoique les apparences puissent nous montrer, la mer solide liquide paradoxe vivant s'attache et se lie à nous aspirer aussi simplement qu'un souffle, dans un sens continu de mots et de paroles mystérieuses, plus ou moins sonores, plus ou moins cohérentes. Je ne sais pas si j'écris pour le théâtre, ou sur le théâtre, ce qui m'est sûr, c'est que j'exprime ma passion pour lui, la passion qu'il me fait vivre. Tout comme un enfant voit la mer pour la première fois, c'est vertigineux, il pense pouvoir tomber dans son sein, son regard fuyant cherche la fin dans l'infini, il ne sait plus ce qui lui arrive, ses barrières tombent, son regard n'en finit plus de s'étendre, et alors, alors, à ce moment, l'excitation la plus intense arrive sur lui, l'enveloppe d'amour et il sait qu'il va y devenir dépendant. 

Quoique vous puissiez me montrer, sur une planche de théâtre tout sera beaucoup plus réel. La mélodie qui a commencé le jour de ma rencontre avec la mer, le jour où j'en suis sorti pour la voir, le jour où elle a enfanté mon regard sur le monde, le jour où je suis arrivé dans le théâtre de ma vie, ce jour-là a été le jour le plus beau mais le plus cruel. Car en effet, je me suis rendu compte de ce qui m'arrivait, j'ouvrais les yeux sur tout et plein d'innocence gardée jusqu'à présent, plein de naïveté qui ne veut pas partir de moi, j'observe les gens, persuadé qu'ils sont bons au fond d'eux, persuadé que sachant cela, ils vont révélé cette bonté avec moi.  

Quoique je pense, je me suis toujours trompé sur la vie des autres. J'ai toujours pensée qu'ils étaient meilleurs que ce qu'ils veulent nous faire croire. En réalité, ce qu'ils sont en apparence est bien souvent la réalité en l'occurrence. Alors, il se dilue dans leurs mensonges de vie comme le ciel bleu encre perd son intensité quand la lumière du soleil commence à le baigner de sa chaleur, quand la profondeur de sa couleur se disperse dans l'océan de la nuit, qui court toujours échappant toujours à la folle grimpe du soleil. Je ne comprend pas tout cela, mon fonctionnement interne, l'intérieur des gens, je voudrais tout saisir, et c'est à cet instant que le metteur en scène nous vient en aide. 

Quoique je ne comprenne pas toujours ce qu'il me dit, le pourquoi de ce qu'il me dit, je l'écoute, mieux encore, je lui demande des conseils. Un comédien qui chante sa vie ne peut le faire sans quelqu'un pour la critiquer. Le vieux loup connaît la mer et guide le jeune apprenti sur les voies toujours en mouvement de la mer, le metteur en scène connaît le texte du jeu et sait comment l'adapter à ses comédiens. Les mots nous retiennent tous, nous les subissons car nous leur donnons trop de pouvoir, trop d'importance. Alors moi, dans ce théâtre, joignant à deux mains la réalité qui me compose, je ne cesse de parler, je vis pour parler, je vivrais pour parler et faire parler les gens. Peu importe le discours, je veux les toucher, peu importe s'il n'y a de dialogues, si seulement les comédiens viennent parler de poésie, car il est temps de remettre la poésie à sa vraie place sur le piédestal. 

Ceci était une logorrhée contrôlée.