samedi 13 décembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Je me rend compte, en observant bien, et longuement, que les gens sont moches. En règle général, l'humanité ne peut se vanter d'aucune beauté, rien qui ne puisse nous faire dire que oui, nous sommes beaux. Les soucis de la vie, l'absence d'intérêt pour les autres ou la poésie, toutes ces choses font que le corps ne peut se donner les moyens de se rendre plus présentable. La santé du cœur se répercute sur la santé de la beauté. Alors quand perdu sur la mer, à observer les touristes maritimes tous plus repoussants les uns que les autres on tombe, abasourdi de voir ce spectacle, sur une belle créature, l'étonnement est le plus grand. On se demande alors si on rêve encore, bercé par la monotone ronde des gens sans caractère, par cette ronde qui voudrait peut-être nous faire croire que dans cet océan désertique peut surgir un mirage.

Je parlerais plus de miracle. Le terme serait plus juste considérant la grandeur de la chose. Je ne sais plus quoi penser et le mystère de la beauté reste entier tant et tant, que plus j'y pense, moins je ne trouve de solution, pire encore, j'y vois encore moins mon point de départ. C'est ce qu'on doit appeler l'inspiration poétique, nous ne savons pas d'où vient cet élan qui par petites pointes tire la peau de notre cœur, doucement, pour nous rappeler qu'il est bien là, puis, se met à le soulever avec d'autant plus de violence que la chose est belle. Tire la langueur des violons, le son est mien, et une sirène d'un temps passé ne pourrait pas faire aussi bien que cette émotion envahissante qui prend le contrôle de ce que je suis, qui tel à l'assaut d'une forteresse assiégée depuis trop longtemps arrive à faire tomber les murailles de ma dureté pour faire apparaître l'engrenage de ma vie, qui souffre d'être toujours seul et incompris. 

Les murailles d'eau d'une vague partant à l'abordage de la rive me sont familières, je les vois chaque jour, après chaque jour, elles reviennent, tentant de me souffler quelques mots sans trop savoir si je serais capable de les entendre. Mais chaque jour, je suis là, à l'affut, je connais son retard quand il est là, je sais précisément l'heure à laquelle elles doivent arriver, je sais qu'elles me surprendront toujours, que je serais toujours ému de ce spectacle, que cette pièce de théâtre qui sera joué pour moi prendra mon cœur et le jettera aussi loin que possible dans cette mer de mots, qu'il s'imbibera de ce savoir pour me revenir fort et vigoureux, prêt à en découdre avec la poésie et les gens.

Les gens sont moches, c'est une vérité, parce que l'humanité ne s'aime plus, n'aime plus. Elle ne pense qu'à elle, et si nous sommes beaux au regard des autres, ce n'est pas à cause d'un physique agréable, c'est du fait d'un regard doux, et d'un sourire sincère. Les gens qui aiment sont des gens qui sont beaux, des gens qui s'aiment sont des gens qui s'aident à devenir beaux. La poésie nous aime, alors aimons la poésie.  

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