vendredi 12 septembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Décrocher au moins une fois de cet espace liquide, qui glisse entre mes doigts. J'ai déjà tenté de voler un bout de mer, de voler un temps à l'espace. Rien n'y fait, triste sort d'un matin nuageux, je suis las, de savoir qu'il n'y a rien d'autre à faire dans tout ce temps. 

Je suis là, assis au bord de la mer, les pensées tourbillonnent, bercées d'une illusion miroir à ma vie. Que me dire, que penser si je vois mal le moment qui sera le bon pour me tenir prêt à courir, sans peur, sans le regard des autres à mes côtés, prendre ma respiration et haletant sauter dans l'eau, prendre la mer au cou, et me battre farouchement. La mer est une scène, branlante parfois, stable, rien de moins sûr, imprévisible, il est clair qu'elle l'est. Je ne comprend pas le monde qui pense, celui qui donne illusion, qui se regarde dans un miroir déformant sans savoir qu'il l'est. Alors heureux de voir son image, il poursuit sa route, sans se poser la moindre question, à savoir, les pièges sont-il tous des leurres, et où est le miroir aux alouettes ?

Décrocher d'une réalité trop souvent absente du mythe, il doit y avoir une certaine cohésion entre les deux. Je ne sais pas plus d'autres choses, je désire franchement changer mes choses, et alors. 

Toi, faire d'un rêve si beau ta réalité, je n'en suis pas certain. Comment se dire qu'on pourrait y arriver tous les deux, alors que nous n'y sommes jamais parvenus. Tu ne feras jamais parti d'un groupe de gens soudé, la solitude sera ta compagne, personne ne voudra de toi, aucun ne sera capable de te comprendre, et tu le sais. Tu ne veux pas de tout ça, mais tu sais que c'est le tribu à payer aux muses. Alors, aussi simplement qu'un enfant désire l'amour de sa mère, tu te laisses noyer par les flots de la mer. Je deviens alors triste, pris de larmes qui suintent le long de mes veines, qui amènent rouilles et ravages dans mon corps. 

Décrocher, oui, mais pour quoi, pour qui, pour quand et surtout pour comment ? 

jeudi 11 septembre 2008

Un homme et une mer (suite)

C'est étrange comme la vie peut nous laisser des surprises que nous aurions préféré ne jamais devoir ouvrir. Comme ces petites choses malignes qui surgissent des boîtes qu'on ouvre toujours trop précipitamment. La surprise de voguer sur une mer tranquille qui d'un saut d'humeur arrive à en devenir une violence sans visage. Je n'arrive plus à imaginer la mer sans colère, juste là, suivant un rythme reposant, cadence d'une vie trop souhaitable pour un jour nous être permise. Je manque à beaucoup de choses mais que dire de cette vie qui soit disant m'apporte tout alors que j'ai la sensation de vivre dans une attente partielle de choses complètement irrationnelles. Un doute subsiste quand à ma capacité à vivre correctement les choses. Chacun voit les choses qu'il veut voir dans sa vie, dans la mienne encore plus. Les réussites qui vont avec ne sont jamais que le reflet d'un désir et non pas d'un accompli. 

Tu te prends trop la tête. Tu la sers entre tes doigts, fermant des poings, l'histoire de se raconter qu'on a du mal, que l'on ne sait plus vraiment si on doit aller, et faire ce qu'on ne sait pas pourquoi l'on est fait. C'est plonger dans l'inconnu, sans avoir sonder le fond, sans savoir si le bain sera de résurrection ou de mort. Tu prends trop la tête à ne jamais te dire que vivre c'est déjà bien. 

C'est étrange comme les rêves peuvent avoir de l'importance pour certains, être une simple anecdote dans la vie pour d'autres et n'exister que dans la profondeur de la nuit pour les derniers. Je vis, oui, je suis en vie, tout ce qu'il y a de plus courant dans ce monde où la mort pourtant jonche les rues. Arrêtons de nous voiler la face, personne ne va bien, les soucis, les tempêtes de la vie, l'amertume d'un regret qui ronge les souvenirs, bon ou mauvais, le désir de faire autre chose. Tous autant que nous sommes, posés là, sur le bord de la mer, sur une plage selon notre envie, nous ne savons pas où notre esprit divague. Rien ne sert de savoir précisément où l'on est, rien de sert de savoir si l'on est réellement là, ce qui compte c'est de renverser la maison de nos idées, la soulever, tout changer, se dire qu'enfin tout pourrait être comme nous le voulons, modeler de nos mains, qu'il suffit de le vouloir, qu'il suffit d'un peu d'effort. 

Je rêve de tout ça chaque jour. Simple désir absurdité d'un homme qui regarde le passé en baissant la tête, qui le regrette mais qui le ressasse. 

On ne construit dans le bien en répétant les souffrances, comme si les gens pour mieux éviter les coupures ouvraient leurs cicatrices pour voir comment elles sont venues là. 

C'est étrange cette envie d'échapper aux maux de la terre en s'accrochant à leurs souvenirs. C'est étrange cette manie que nous avons de toujours voir les choses les plus sordides alors qu'un morceau d'enfance peut suffire à relever un sourire d'un visage. C'est étrange que je sois toujours là, figé comme une statue de sel, comme si je cherchais la rédemption de la faute d'être moi-même. Tout au moins de m'efforcer de l'être. 

Une dernière fois je ne serais plus comme ça. Je ne l'espère pas, je ferais tout pour l'être. 

jeudi 4 septembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Je continue à vivre sans savoir ce qui m'a constitué un jour, ce qui a fait de moi ce que je suis, et alors. Je regarde cet océan trop plein qui voudrait déborder à chaque marée mais qui pourtant ne le peut. Triste ironie d'un sort bien trop cruel pour exister dans une réalité. Je vis, dans le sens où mon corps est bel et bien nourri par l'air et la nourriture, mais quoi de mon esprit et de mes rêves. Ils semblent encore et toujours se noyer dans cette eau, dans cette immensité qui nous attire vers elle comme les vautours sur les cadavres. Comment être unique, donner une dimension tout autre à des mots que moi seul entend vibrer dans l'air, dans l'imaginaire de mon esprit. Comment rester et se dire qu'il y a la moitié des chances pour que rien ne se produise quand armé de mes mots je prend le train du désir et que je commence à écrire. 

Reste toi-même, sans doute, aucune autre solution ne sera présente, aucune autre solution ne se présentera à toi. Je sais bien que c'est facile à dire, comme d'écouter des paroles fortes qui te font bouger, comme de te dire que d'autres ont essayé avant toi, et que tous ont échoué dans la vie, mais réussi dans l'oubli. 

Prend toi par la force, par le poid des armes, oublie le regard de l'amour et cesse de te dire qu'un jour tu seras compris. Le combat était perdu avant même d'avoir commencé. Je sais qu'il faut que je me le dise, mais combien de temps encore verrons-nous ce même cycle se produire. Dans l'immensité de la mer qui pourtant a une fin nous n'y voyons guère plus qu'un espoir mal informé sur sa fonction. Je me souviens d'avant, quand toutes ces questions ne m'éfleuraient même pas l'esprit, que naïvement je pensais pouvoir écrire sans contrainte, qu'aucun raisonnement ne viendrait s'imisser dans mes mots. 

Je continuerais sans jamais vouloir m'arrêter, cela ne sert à rien de se dire que la vie est faite pour être regardée comme un mauvais théâtre qui nous attache au siège, qui nous prive de notre liberté de ne pas aimer. Quoiqu'on dise je sais ce que je veux, à la vérité, plus j'écris plus je le sais, mais aussi, moins je ne sais le communiquer. Savoir c'est un don qui nous libère mais qui nous prive aussi de la possibilité d'échanger en masse. Je m'adresse alors à des gens déjà convaincu, qui ne pourraient que trouver un peu plus de courage et de volonté dans leur quête, mais en aucun cas un boulversement pourra surgir chez des gens qui se privent de cette conscience. 

Le savoir est une démarche personnelle, personne ne peut nous dire quand la faire, il y a que lorsque l'on se noit, la mer ne nous rend pas, il faut alors se battre, et enfin se libérer.