jeudi 13 novembre 2008

Un homme et une mer (suite)

Tranquille, le soleil prend place dans le ciel, il tire à lui les nuages, rougissant, ouvrant béante une cicatrice céleste, comme si les astres témoignent de la fragilité de la vie. Chaque matin c'est pareil, au bord de mer, un air de rien qui s'installe par compromission, comme si rien d'autre ne lui avait satisfait dans son cœur. Je m'y attache, à ce petit bout de poésie, celui-là même que j'entrevoie dans chaque morceau de ciel. Il faut savoir composer avec les couleurs qui se posent là en maître, sans qu'un avis soit demandé, à quoi faire après tout ? Je ne sais pas. Un doute se prend, c'est légitime, quoique parfois, les réalités qui se pressent à nous ne sont pas vraiment justes. Avoue que tu ne sais pas toujours pourquoi tu restes là, assis, perdu dans un nouveau morceau de celle plein de mystères. Le mystère de celle qui te dit: avoues-toi aimé. Curieux de dire une telle chose de telle manière. Confusion, ça oh que oui, mais pourquoi ne rien dire ? Tranquille, la nuit meurt doucement, lève le voile sombre et bileux d'un mal nécessaire chaque jour pour apprécier la valeur d'une renaissance continuelle. Aligner les mots par anarchie, c'est bon. Je ne veux que rien d'autre, tout est calculé pour laisser croire à une finesse naturelle, à un désordre de chambre, à un meurtre des mots par un malade sans nom, la scène de crime ne sera pas nettoyée d'ici là, alors venez prendre les photos du lieu du drame. 

Il regarde ça et là, ça oui, je le dis, les mots lui manquent. Il se dit qu'il aimerait être assez costaud pour pouvoir prendre les vagues de la mer, les jeter, sans trop savoir comment il s'y prendrait, et repeindre le ciel de celles qui sont là. Car il écrit avant tout pour les femmes, comme tout les poètes, ça n'aurait aucun sens d'écrire pour d'autres formes de vie. Il est son propre théâtre, qui est régit par ses propres règlements, un code dicté uniquement par lui, pour lui, et qu'il ne sais même pas suivre. Une route de campagne, une montagne pour faire oublier l'étendu presque mortelle de la mer, qui nous prend, nous happe, ficelle nos mots par notre langue, que la chose soit plus perverse encore. Sans aucun doute, personne ne suivra le fil de la pensée, et les Parques en toute mythique qu'elles sont, viendront aiguisant leurs épées pour nous séparer d'un lambeau de vie. Le tableau est sombre comme cet esprit nostalgique à l'empreinte oubliée de sensation qui détruit tout ce qui fait de moi un être humain. Ne sachant que faire ou bien où aller, je laisse la faim de ma langue mourir entre deux monologues tragiques. 

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