samedi 3 janvier 2009

Un homme et une mer (suite)

Je prend les mots, encore une fois, encore une fois je suis là, épanchant mes idées, mes états d'âme, ce qui me constitue, devant des yeux avides de lecture, dans un théâtre ambulant que je me fabrique, auquel je me consacre. Rien à dire, oui, tout à fait, l'idée est là, on rame sur une mer agitée de mots et d'idées, on se méprend de penser qu'un jour nous avons pu avoir la bonne opinion. Certes l'occasion fût peut-être bonne, tout au moins une fois, je ne sais pas, quoiqu'il en soit, la poésie me rend maître de ma propre folie, et quand je vois ce que les gens écrivent, je ne peux plus appeler cela de la lecture. Nous ne savons plus écrire, les mots dépassent pour vite oublier les idées, les histoires ne sont que des histoires, les mots nous bercent simplement les oreilles, pour nous faire croire qu'ils ont été utile pour nous. Les livres d'avant raconter des histoires, mais les mots étaient communiquant, ils portaient des idées, l'histoire n'était qu'un prétexte à un développement d'idées, à l'expression d'une forme nouvelle de langage. Je suis un être communicant. 

Quand la littérature deviendra-t-elle à nouveau communicante ? Le théâtre l'a toujours été, il est par ailleurs le dernier bastion des lettres qui se gardent de perdre ce caractère, mais à quand une vraie littérature d'idées et de communication. Je me fatigue dans l'horizon, je suis perdu, que faire, dites-le moi, les mots dépassent bien souvent le sens qu'on imagine leur donner, et le soleil se couche sur une esquisse d'une littérature nouvelle. 

Je ne sais plus quoi penser, les grandes valeurs s'effondrent, les gens lisent par contrainte, voir, pire encore, par mode, l'idée même que ce puisse être vraie, me terrorise. Il est temps de changer tout ça, et de montrer qu'une vraie littérature existe, qu'on ne se contente pas de lire des histoires sans fondement, c'est à peine bon, et encore, pour les petits enfants. La littérature d'aujourd'hui compresse et fait éclater les esprits qui pourraient être vifs, qui pourraient être réceptifs à une forme ou à une autre de poésie. Vraiment, tout ce que la poésie nous apporte est bien plus que quelques larmes éparses, qu'un trop plein d'émotions faciles, non, c'est une porte ouverte sur toute les choses bonnes qui sont ancrées dans l'humanité. 

L'art n'est pas altruiste, il est simplement réaliste. Pourquoi une chanson, un air de musique, une toile de maître, quelques vers de poésie, un film, pourquoi ces choses-là ont l'étrange capacité quand elles sont belles, de nous émouvoir, de toucher avec violence parfois le cœur même, pas le cœur comme un symbole de la sensibilité, non, notre cœur physique, comment peut-il par la force de l'art se pincer, se rendre malade, et provoquer en nous de fabuleuses émotions ? Je n'ai pas la réponse, une vraie réponse n'existe pas. J'use mes forces à poser la question alors que je sais qu'il n'y a pas de réponse. 

"un balancement sans raison
j'y perd un semblant de question
j'y perd peut-être rien de sérieux
que penser d'un mot fabuleux
tellement extraordinairement irréel
personne n'en a vu de pareil
un mot qu'on prononcerait toujours
avec passion comme l'amour
le mot si cruel qui se prononce
les gens pensent qu'ils nous dénoncent
parle d'une envie et d'un fait
arrêtez, tout n'a pas été pensé
un balancement à y perdre la raison
c'est toujours trop de déclaration"

L'art est très égoïste, il dit la vérité, sans penser qu'elle gênera son auditoire. 

Rien d'autre à dire sur ce sujet, la mer emporte les désirs parfois les plus fous, je m'y perd, comme le capitaine sombre avec son bateau, un radeau de naufragés, il n'y a que ça qui attend le plaisir des fous. 

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